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28 mai 2025 5 min de lecture 61 vues

Masterclass sur le Contrôle de Gestion avec Benjamin Bariol

Comprendre le métier, sa valeur et ses défis à travers une interview détaillée

Introduction

Benjamin Bariol, directeur du contrôle de gestion chez Aquolong et président de l'association des directeurs financiers et du contrôle de gestion en région PACA, partage son expérience et ses réflexions sur le métier de contrôleur de gestion. Fort de 14 ans dans la profession, il déconstruit les idées reçues et met en lumière la véritable valeur du contrôle de gestion dans l'entreprise.

1. Définition et rôle du contrôle de gestion 1.1 Rôle du contrôleur de gestion
  • Le contrôleur de gestion est le copilote de l'activité, apportant des données factuelles pour éclairer la prise de décision.
  • Il ne doit pas se limiter à la compilation de chiffres dans des tableaux Excel, mais s'intéresser au fonctionnement concret de l'entreprise.
  • Le métier demande d’être curieux, de sortir du bureau pour comprendre les activités commerciales, industrielles, et la supply chain.
1.2 Business partner et interlocuteur transversal
  • Le contrôleur de gestion a une carte blanche pour visiter tous les services, ce qui lui permet de comprendre la chaîne de valeur.
  • Il doit créer du lien entre les équipes et leur fournir des analyses pertinentes, pas seulement rapporter des résultats bruts.
  • L’approche ne doit pas être perçue comme un contrôle punitif, mais plutôt un accompagnement pour fiabiliser les décisions.
2. Organisation et fonctionnement 2.1 Structure d’équipe et périmètre
  • Chez Aquolong, Benjamin travaille avec une équipe de 4 personnes couvrant plusieurs sites européens et un au Mexique.
  • Ils analysent la performance globale globale multi-sectorielle (commercial, industriel, services généraux).
2.2 Méthodologie et exemples concrets
  • Exemples d’investigation issues des données ERP (SAP), pour détecter des anomalies de stock liées à des processus non alignés.
  • Importance d’aller sur le terrain et d’échanger avec les opérationnels pour corriger les écarts (exemple : stocks annulés artificiellement).
3. Relations et perception dans l’entreprise 3.1 Relation avec les autres services
  • Le contrôle de gestion est une traduction mal adaptée du terme anglais “business controlling” qui signifie management de la performance.
  • Nécessité de marquer des points par des analyses pertinentes et non par le contrôle autoritaire.
3.2 Relation avec la comptabilité
  • La comptabilité est la base sur laquelle travaille le contrôleur de gestion.
  • Comprendre la comptabilité permet d'analyser les flux et de détecter d’éventuelles erreurs humaines.
  • Le contrôleur de gestion joue un rôle de trait d'union entre comptabilité et reporting / décision.
4. Le contrôle de gestion en milieu industriel 4.1 Complexité et technicité
  • Il y a plusieurs flux à maîtriser : achat, approvisionnement, réception, production.
  • Analogies pédagogiques : recette de cuisine (nomenclature, gammes), gestion des écarts sur consommation réelle versus prévue.
4.2 Rôle d’implication dans le process
  • Le contrôleur de gestion agit comme poil à gratter pour remettre en question les pratiques (exemple : réduction pesée de matière première sans perte de qualité).
  • Travail collaboratif multi-départements pour réajuster et optimiser.
5. Points d’attention pour un contrôleur de gestion 5.1 La curiosité et la formation continue
  • Nécessité de continuer à apprendre, se renouveler et quitter une zone de confort après quelques années.
  • Importance d’aller sur le terrain, de dialoguer avec les opérationnels pour comprendre les réalités.
5.2 Analyse des besoins spécifiques des dirigeants
  • Les dirigeants ont des attentes différentes : certains veulent suivre la performance industrielle, d’autres leur trésorerie (propriétaires).
  • Le contrôle de gestion doit s’adapter à ces besoins et aller au-delà des indicateurs classiques comme l’EBITDA.
5.3 Gestion des situations de crise
  • En période de crise économique, rôle clé dans la révision budgétaire multiple.
  • Aider l’entreprise à choisir où couper les dépenses sans tuer l’innovation.
6. Budget et pilotage financier 6.1 A quoi sert un budget?
  • Le budget sert de cap et de ligne rouge pour éviter les problèmes de trésorerie.
  • Pour les TPE, c’est avant tout un outil de visibilité sur les charges fixes, les ressources nécessaires.
6.2 Construire un budget efficace
  • S’appuyer sur l’historique tout en intégrant les projets et ressources attendues.
  • Anticiper les besoins de financement liés à la croissance (investissements, effectifs).
6.3 Suivi et gestion des écarts
  • Importance de faire un suivi régulier en cours de mois (best estimate) pour éviter les surprises en clôture.
  • Collaboration étroite avec les commerciaux pour comprendre et anticiper les écarts.
7. Analyse de la performance commerciale
  • Étudier la performance des commerciaux individuellement peut révéler des faiblesses (absences, formation à améliorer).
  • Identifier les risques comme l’absentéisme et accompagner en collaboration RH et management est crucial.
  • Le coût de l’absentéisme est très souvent sous-estimé.
8. Évolution et avenir du contrôle de gestion 8.1 Nouvelles approches métier
  • Passage du contrôle de gestion à la notion de management de la performance.
8.2 Impact des outils numériques
  • L’arrivée de l’intelligence artificielle et des outils BI transforme le métier.
  • Ces outils permettent de délester les tâches à faible valeur ajoutée mais ne remplaceront pas l’analyse humaine.
9. Conseils pour débuter dans le métier
  • Focus sur la compréhension du métier et des flux opérationnels.
  • Ne pas se limiter à manipuler des chiffres, aller vers la compréhension profonde des processus.
  • Maîtriser la comptabilité pour mieux analyser.
  • Définir les indicateurs clés comme l’écart standard (écart entre coût standard et coût réel).
10. Gestion post-rachats d’entreprise
  • Reconnaître et respecter les cultures des entités rachetées.
  • S’accorder sur les indicateurs clés et processus (exemple : définition différente de taux de marge).
  • Importance de la qualité et la cohérence des données de base (master data).
11. Sensibilisation et communication interne
  • Nécessité d’acculturer les collaborateurs à la finance, notamment pour leur faire comprendre l’impact de leurs gestes sur les résultats.
  • Communication transparente mais raisonnée des performances financières pour éviter les nombreux malentendus.
12. Formation continue et implication dans l’écosystème
  • L’importance des associations professionnelles (ex : DFCG).
  • Veille sur les nouvelles technologies, échanges avec pairs et experts via LinkedIn, salons, forums.
Conclusion

Benjamin Bariol insiste sur la nécessité de prendre du recul pour analyser les chiffres avec logique et pragmatisme, en s’appuyant sur une connaissance fine des métiers. Le contrôle de gestion est un métier riche, stratégique, exigeant de la curiosité, de la rigueur et un dialogue constant avec les opérationnels pour apporter une véritable valeur à l’entreprise.