Introduction
Le guide, réalisé par le personnel de la Clinique du trouble bipolaire de CAMH, s'adresse aux personnes atteintes de trouble bipolaire, à leurs familles et aux proches, afin de fournir des connaissances sur la maladie, son traitement et sa gestion. Il ne remplace pas les conseils médicaux mais facilite les discussions avec les professionnels.
1. Définition et généralités
- Qu'est-ce que le trouble bipolaire ? Maladie caractérisée par des sautes d'humeur extrêmes, affectant le quotidien, distincte des variations normales d'humeur.
- Prévalence : 1 à 2 % des adultes souffrent de trouble bipolaire, touchant hommes et femmes.
- Début : Souvent diagnostiqué à l'adolescence ou début de l'âge adulte, parfois au moment de la grossesse ou post-partum.
2. Portrait clinique
- Épisodes caractéristiques : Manie (euphorie ou irritabilité), dépression, périodes sans symptôme.
- Types :
- Type I: épisodes maniaques ou mixtes avec dépression.
- Type II: épisodes hypomaniaques et dépressifs sans manie franche.
- Cycle rapide : 4 épisodes ou plus par an (20% des cas), nécessite traitement spécifique.
3. Symptômes détaillés
Manie
- Euphorie ou irritabilité intense ≥ une semaine.
- Symptômes associés :
- Idées de grandeur, hyperactivité, logorrhée, manque de sommeil, agitation, mauvais jugement, symptômes psychotiques.
Hypomanie
- Forme atténuée, peut évoluer vers manie ou dépression.
État mixte
- Symptômes maniaques et dépressifs simultanés, souvent très pénibles.
Dépression
- Au moins 5 symptômes durant ≥ 2 semaines : humeur dépressive, perte d’intérêt, troubles du sommeil/appétit, agitation ou ralentissement, culpabilité, idées suicidaires, etc.
Autres
- Symptômes catatoniques (troubles moteurs) présents dans 25-28 % des épisodes.
- Comorbidités fréquentes : abus d’alcool/drogues, troubles anxieux, TOC, TDAH, trouble de la personnalité borderline.
4. Causes
- Mécanismes précis inconnus.
- Facteurs génétiques importants (mutations impactant neurotransmetteurs).
- Facteurs déclencheurs possibles : stress excessif, privation de sommeil, médicaments (antidépresseurs mal dosés, stéroïdes), drogues illicites.
5. Traitements
Biologiques
- Psychorégulateurs (médicaments stabilisateurs) : Lithium (suivi régulier, effets secondaires possibles mais gérables), divalproex, carbamazépine, lamotrigine.
- Médicaments d’appoint : Antidépresseurs (classe ISRS, IRSN, autres), anxiolytiques (benzodiazépines), antipsychotiques (générations 1 et 2).
- Electroconvulsivothérapie (ECT) : Traitement efficace pour dépression/manie sévères, sous anesthésie, avec gestion des effets secondaires.
- Stimulation magnétique transcrânienne (SMT) : En étude comme alternative à l'ECT.
Complémentaires
- Phytothérapie, acupuncture, oméga-3, yoga, méditation : soutiens possibles, à discuter avec médecins.
Psychosociaux
- Psychoéducation : Informer patients et familles pour meilleure gestion.
- Psychothérapie : Thérapie cognitivo-comportementale (efficace surtout pour la dépression et anxiété), thérapies long terme, thérapies de groupe, familiale, de couple.
- Groupes d’entraide pour soutien communautaire.
Hospitalisation
- Nécessaire lors de crises aiguës mettant en danger la personne ou autrui.
- Admission volontaire ou involontaire selon législation et risque.
- Séjour avec planification de sortie progressive, suivi rapproché.
6. Rétablissement et prévention des rechutes
- Rétablissement progressif, souvent plusieurs mois.
- Reprise graduelle des activités (travail, études, vie sociale).
- Importance de :
- Continuer médicaments selon prescription.
- Identifier signes avant-coureurs (besoin de sommeil, irritabilité, concentration).
- Avoir un réseau de soutien.
- Gérer le stress avec des stratégies appropriées.
- Éviter alcool/drogues.
Signes précurseurs et conseils :
- Pour dépression : fatigue, troubles concentration, insomnie, culpabilité.
- Pour hypomanie : énergie excessive, diminution sommeil, impulsivité.
- Tenue d’un journal de l’humeur recommandée.
7. Soutien aux familles et conjoints
- Maladie lourde pour proches : stigmatisation, isolement, stress.
- Conseils communication en phases dépressive/maniaque.
- Encourager observance thérapeutique, gestion des crises.
- Accompagnement aux rendez-vous, reconnaissance des signes suicidaires.
- Importance de l’auto-soin des proches : limites, soutien social, information, groupes de soutien.
- Préparer un plan d’urgence en cas de crise ou rechute.
8. Expliquer le trouble bipolaire aux enfants
- Adapter les explications à l’âge.
- Rassurer sur la non-responsabilité de l’enfant.
- Leur assurer que ce sont les adultes qui s’occupent de la maladie.
- Prévoir des espaces calmes pour les enfants.
- Favoriser leur expression des sentiments.
Glossaire
- Définitions claires des termes clés : manie, hypomanie, dépression, psychose, ECT, psychorégulateurs, symptômes catatoniques, etc.
Ressources
- Livres et brochures recommandés.
- Associations et sites web (ex. Société pour les troubles de l’humeur du Canada, Association canadienne pour la santé mentale).
Conclusion
Le trouble bipolaire est une maladie chronique nécessitant un traitement combiné et un suivi régulier. La collaboration entre patients, familles et professionnels est essentielle pour améliorer la qualité de vie et réduire les risques de rechute.