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4 juin 2025 3 min de lecture 86 vues

Quand le sucre nous fait perdre la tête : un éclairage scientifique et sociétal

Origine, impacts et enjeux du sucre sur nos capacités cognitives et notre santé globale

Quand le sucre nous fait perdre la tête : un éclairage scientifique et sociétal

Introduction

Au cœur d’une société marquée par la surconsommation d’aliments riches en sucre, le rôle parfois ambivalent de ce dernier sur notre corps et notre cerveau interroge. Katia Befort, du Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Adaptatives, nous plonge dans l’univers complexe du sucre, de ses origines végétales à ses impacts sur notre santé cognitive et métabolique.

D'où vient le sucre ?

La genèse du sucre est profondément ancrée dans la nature : toutes les plantes produisent du glucose à partir de l'énergie solaire, du dioxyde de carbone et de l'eau. Ce glucose est stocké sous diverses formes, notamment sous forme de saccharose (le vrai « sucre » que nous consommions) et d'amidon. Deux plantes principalement extrac-tent ce sucre naturel en grandes quantités : la betterave sucrière et la canne à sucre. Ces dernières ont connu une longue histoire de culture et d'utilisation en Europe, avec des avancées marquantes comme la cristallisation du sucre et son extraction industrielle au XIXe siècle.

Les différentes formes de sucre

Le sucre n’est pas une substance unique : glucose, fructose, saccharose, lactose et galactose se distinguent par leurs origines, leurs structures et leur pouvoir sucrant. Les formes commercialisées varient également, incluant le sucre cristallisé, glace, roux, ainsi que des versions spéciales pour la pâtisserie. On trouve aussi des édulcorants artificiels, bien plus sucrants que le sucre classique, mais recherchés pour leur faible apport calorique, bien que leur impact sur la santé, notamment en termes de risques de cancer, commence à être mieux documenté.

Utilisation du sucre dans notre organisme

Notre corps assimile et utilise le sucre via un processus parfaitement orchestré : détection gustative en bouche, digestion enzymatique dans l’intestin, puis redistribution dans le sang pour nourrir tous les organes. Le cerveau, en particulier, consomme environ 20% de notre énergie totale, majoritairement sous forme de glucose. Le sucre active également les circuits de la récompense dans notre cerveau, renforçant son goût et sa désirabilité.

Quand le sucre tourne au trouble : maladies et comportements associés

L’excès de sucre est un facteur indéniable dans le développement des troubles métaboliques tels que l’obésité et le diabète, des affections en progression constante en France comme ailleurs. Mais il influence aussi notre comportement alimentaire, favorisant l’émergence de troubles comme l’hyperphagie boulimique, caractérisée par une consommation compulsive de nourriture sur une courte période, sans mécanisme compensatoire.

Études scientifiques : entre humains et modèles animaux

L’étude des effets du sucre sur la santé et le comportement passe par des investigations en population humaine, qui restent complexes en raison des biais liés aux déclarations et à la diversité des individus. Pour pallier ces limites, des modèles murins permettent d’observer plus précisément les effets d’un accès intermittent ou continu au sucre, reproduisant respectivement des comportements d’hyperphagie ou d’obésité. Ces modèles montrent notamment que l’accès intermittent au sucre entraine une « consommation de type hyperphagique », avec un pic de prise alimentaire au début de l’accès au sucre.

Quel est alors le verdict sur le sucre ?

Un consensus scientifique s’ébauche : le sucre est nécessaire à notre organisme, notamment au bon fonctionnement du cerveau, mais doit être consommé avec modération. L’Organisation mondiale de la santé et l’ANSES recommandent de limiter la part des sucres dans l’alimentation totale à moins de 5-10% des apports énergétiques, et de réduire l’exposition au goût sucré dès le plus jeune âge, tout en contrôlant la disponibilité et la publicité des produits sucrés.

Conclusion : entre indispensable et toxique, une question de mesure

L’histoire du sucre illustre bien la dualité d’une substance indispensable au métabolisme mais néfaste en excès. En décryptant ses mécanismes de production, de consommation et d’impact, les chercheurs nous invitent à une vigilance éclairée. La clé réside dans l’équilibre, l’éducation, et des politiques publiques adaptées, pour préserver notre santé sans renier le plaisir inhérent au goût sucré.


Boîte à outils : recommandations concrètes

  • Favoriser une alimentation riche en sucres naturels (fruits, légumes) plutôt qu’en sucres ajoutés.
  • Limiter la consommation de boissons sucrées et de produits transformés.
  • Éduquer les plus jeunes à apprécier d’autres saveurs que le sucré.
  • Être attentif aux sources cachées de sucre dans l’alimentation.
  • Soutenir les initiatives de régulation de la publicité et de l’offre de produits sucrés dans les établissements scolaires.

Cet aperçu mêle recherches scientifiques et enjeux de santé publique, éclairant un sujet aussi gourmand que complexe.